D'après le roman de Michael Grant
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The aleatory meetings [PV Lawrence]

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Message  Caine Soren Dim 22 Aoû - 23:09

    L'écriture qui occupait la moitié de la feuille était petite, serrée, italique sur les fines lignes claires. Dansant sur le papier, une rature venait l'orner sur le coin droit, vestige d'une hésitation dans la phrase du professeur qui avait changé sa formulation une poignée de secondes après. Caine prit son stylo et élargit la tache, les yeux rivés sur sa copie, écoutant vaguement la réponse à une question posée qui ne correspondait pas au programme à proprement parler. En voyant que le discours s'éternisait, il laissa sa tête s'incliner pour reposer dans la paume de sa main, puis regarda la montré accrochée à son poignet gauche et compta les secondes avant la sonnerie. Il connaissait la suite par cœur: leur professeur allait sursauter en l'entendant, continuerait à parler en hurlant pour couvrir le vacarme des élèves qui rangeaient leurs affaires en bavardant et se lamenterait dans son coin qu'ils n'auraient jamais fini le chapitre à temps. Il fut interrompu dans sa réflexion par ladite sonnerie de la fin des cours. Il releva les yeux et secoua la tête lorsque leur enseignant haussa le ton, déposa soigneusement ses crayons dans sa trousse, attrapa son sac afin d'y laisser glisser ses livres, se leva lentement et arrangea sa veste sur son pantalon, y défaisant les plis qui s'étaient formés pendant l'heure précédente. Il chercha silencieusement Diana sans la trouver. Elle avait déjà dû partir. Drake, comme à son habitude, était fourré il-ne-savait-où. Il soupira. Toujours très indépendant, c'était bien dommage. Enfouissant une main dans sa poche, il vérifia qu'aucun surveillant ne passait par là, en ressortit un portable et le déverrouilla. L'écran n'affichait aucune alerte. Il le rangea et reprit sa marche. Il monta deux étages en saluant aimablement les pensionnaires qu'il avait déjà eu l'occasion de côtoyer, offrant une allure sympathique aux autres en leur adressant un signe quand leurs regards se croisaient, un hochement de tête, un rictus hypocrite. Certains se rétractaient, d'autres paraissaient favorables, les derniers affichaient un air sceptique ou surpris. La renommée de l'adolescent et de son groupe se répandait petit à petit et les avis à leur sujet étaient très partagés. Peu importait, du moment que leur autorité s'étendait ainsi qu'il le souhaitait.

    Enfin, il déboucha dans le couloir. Les murs peints portaient les vestiges d'anciens graffitis, la majorité devant probablement insulter copieusement le corps enseignant et administratif de Coates- effacés par des élèves en retenue ou des femmes de ménage pestant envers la jeunesse délinquante. Celles-ci devaient en voir des vertes et des pas mûres. Il entra dans la bibliothèque. Ses rayonnages se déroulaient jusqu'au haut plafond, ses livres en tout genre et son odeur de produit lavant recouvrait celle de la poussière. Avec l'aisance de celui qui a l'habitude de venir, il se dirigea vers le fond de la salle en slalomant parmi les étagères, arrivant aux rayons consacrés à la physique-chimie. Il les longea en laissant ses doigts courir sur les tranches des différents matériaux, sentit le cuir à l'aspect doux et rugueux, le carton lisse, le papier frémissant. En classe, leur instructeur avait mentionné un auteur qu'il appréciait énormément, dissertant sur le sujet pendant plus d'une demi-heure en détaillant chaque passage qu'il avait adoré, les citations qu'il avait retenu, les rapports à la vie de l'auteur, etc. Caine avait cru qu'il n'allait jamais s'arrêter. Cela aurait d'ailleurs été le cas si les joyeux élèves de Coates, qui affectionnaient déjà moyennement les études, n'avaient décidé qu'ils en avaient assez de se taper une bonne dose de parlotte sur un sujet dont ils n'avaient rien à faire -du moins, encore plus rien à faire que d'habitude- et ne déclenche une bataille improvisée. Les tirs s'étaient composés, suivant l'humeur du propriétaire, de cartouches d'encres, de bouchons de stylos, de bouts de gomme, de boulettes de papier, de morceaux de bois prélevés sur les tables... L'imagination de ces gosses était fertile. Caine aurait juré avoir vu voler un cahier à un moment donné. Cela expliquerait que le prof se soit baissé aussi précipitamment. Enfin, ce n'était pas pire que la fois où un enseignant avait essayé de sauter par la fenêtre en hurlant comme un bœuf qu'il en avait assez de cet endroit de dingue -une des rares occasions où les délinquants juvéniles qui composaient cette école s'étaient montrés solidaires dans une lutte, le rattrapant par le col de sa chemise pour le tirer à l'intérieur. Caine avait même vu un adolescent planquer sa cigarette derrière lui avec un regard alarmé- ou que le tableau avait été saboté, tombant sur le surveillant en charge de l'étude. Ce dernier avait reçu un congé de trois mois au terme duquel il n'était pas revenu. Pourtant, il était toujours resté une petite bande d'irréductibles qui continuaient à ricaner durant ces périodes de crise. C'était les plus dangereux, ceux qui croyaient que rien n'était au-dessus d'eux et qu'ils pouvaient tout se permettre sans sanction. Drake s'occupait de ce genre de cas.

    Caine sourit, puis reprit une expression neutre lorsqu'il vit que le livre qu'il cherchait était six rayons plus haut, quasiment au sommet de l'étagère. Évidemment, cela aurait été trop facile. Rebroussant chemin, il fit coulisser l'échelle jusqu'à l'endroit où il avait repéré l'ouvrage sans le quitter des yeux, refusant de recommencer à le chercher dans la multitude de paperasse qui y siégeait. Il immobilisa l'objet et testa le premier barreau. Cela aurait été bête de finir par terre comme la fille qu'il avait vu glisser sur le bois trop ciré. Se faire mal était un problème. Perdre sa fierté en était un autre, doublement plus préoccupant. Il remit en arrière une mèche de cheveux sombres, grimpa, prit le livre. Au pied de l'échelle, il en feuilleta quelques pages remplies d'une écriture minuscule et pinça les lèvres. Il n'en comprenait pas les premières phrases. C'était d'un niveau trop élevé pour lui, qu'est-ce qui avait bien pu prendre leur prof de leur conseiller un truc pareil? Il le cala tout de même sous son bras avec l'idée d'aller chercher un dictionnaire. Après tout, aller voir leur professeur à la fin du cours pour lui parler de ce livre qu'il avait tellement aimé -sans aucune ironie, bien sûr-, déplorer l'attitude inacceptable des babouins qui lui servaient de camarades, leur pourrir la tronche à coup de remarques en apparence innocentes mais acides, discuter du contenu dudit bouquin, lui ferait gagner des points auprès de lui et lui donnerait un appui supplémentaire en cas de complication. Le corps administratif était plus enclin à croire un élève calme et respectueux qu'un braillard insolent. Et il était toujours utile de l'avoir derrière soi, surtout quand on aimait magouiller en douce. Au pire, Jack se ferait certainement un plaisir de lui dégoter un ou deux résumés sur Internet avec lesquels il pourrait faire une synthèse dans le but de tenir des propos à peu près logiques sur le sujet. Il délogea un dictionnaire de sa gangue de poussière. La couverture faillit lui rester dans les mains, déchirée par une bande de voyous qui avaient dû trouver follement amusant de détruire le matériel, comportement dont Caine se fichait éperdument à partir du moment où il n'était pas concerné par leur attitude. Quand c'était le cas, il s'en fichait tout de suite beaucoup moins. Pestant intérieurement contre ces pauvres merdeux ahuris et contre le poids du volume, il le serra sur sa poitrine pour ne pas le laisser tomber et se mit en quête d'un endroit où s'assoir. Il parcourut la pièce des yeux. Une table était libre dans le fond, un garçon d'à peu près son âge venait de quitter un des fauteuils en cuir à sa gauche. Il hésita un instant. Il n'avait pas envie de s'assoir à une table, cela lui rappellerait trop le travail extra-scolaire qu'il s'imposait pour se forger une réputation officielle irréprochable (l'officieuse, c'était une autre paire de manches, mais pour le moment il ne s'en sortait pas trop mal). D'un autre coté, le fauteuil était à proximité d'un adolescent qu'il ne connaissait ni d'Ève ni d'Adam, et il n'avait pas forcement envie de compagnie. Il pesa le pour et le contre pendant une minute, puis se décida pour le fauteuil, beaucoup plus confortable en cette fin de journée, et s'affala contre le dossier avec une nonchalance étudiée. Avant de se décaler légèrement, le livre posé sur ses genoux, et de déposer le dictionnaire à ses pieds. Le dos droit, il se tourna vers son voisin, un sourire factice scotché sur ses lèvres.

    « Je ne te dérange pas? »

    Son regard resta froid, jaugeant le garçon d'un air calculateur. Plus vieux que lui. Caine grimaça intérieurement. Ses ainés étaient davantage difficiles à embrigader, sûrs de leur supériorité, pour la plupart, faisant preuve d'un minimum de jugeote pour les autres. Les jeunes étaient plus reposants, il leur suffisait en général d'un sourire et d'une parole bien placée pour qu'il les mette dans sa poche. Celui-ci était grand, les traits fins, des cheveux longs d'une couleur improbable -Qui pouvait prétendre avoir une chevelure grise naturellement?- une stature mince, un air assuré. En le dévisageant, Caine espéra que ce serait une rencontre sans histoire.
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Message  Invité Mar 24 Aoû - 15:04

Deuxième heure de cours de cette superbe après-midi. A cette heure, les salles de classe étaient bondées d'étudiants plus ou moins récalcitrants dont Lawrence faisait partie. Cela faisait deux heures qu'il était coincé avec le même prof et comme tous les autres de sa classe, il avait lâché prise. Ce n'était pas la faute du professeur, au contraire. Celui-ci enseignait plutôt bien, mais essayez de concentrer une bande d'ados sur un stupide théorème quelconque alors qu'ils n'ont pas cours ensuite, cela relève du génie, je vous assure. C'est donc dans un état de mollusque que nous retrouvons notre protagoniste, juste avant qu'il ne se décide à se secouer les puces. Son regard, auparavant perdu dans le vide, cherche discrètement dans son sac quelque chose pour s'occuper. Du coin de l'œil, il aperçoit son carnet contenant des sudoku, dont la plupart étaient déjà griffonnés de partout. Pesant le pour et le contre, Lawrence se décide finalement et attrape l'objet convoité avant de s'y plonger. Pour un cours de maths, ces jeux chiffrés ne pouvaient pas être classés comme “hors-sujet”, si ? Mouai, pour les états d'âme, on verra plus tard. Le jeune homme se plongea donc dans les cases, noircissant certaines avant de mordiller le bout de son stylo pour témoigner de sa réflexion. Petit à petit il avançait, s'en faire attention au temps qui passait. Alors qu'il avait fait les trois quarts, un “Psss” insistant se fit entendre sur sa droite. Les élèves pouvaient être très solidaires entre eux, la preuve en était là. Son voisin venait de le prévenir que le prof regardait dans sa direction, mais trop tard. L'homme qui venait d'interrompre son cours s'approcha dangereusement du perturbateur. Enfin, quand on dit “dangereusement”, disons juste qu'il essayait de paraître intimidant et que cela ne fonctionnait que sur trois quatre naïfs. Ce que Lawrence n'était pas, rappelons-le. Juste que à cet instant, il était en mauvaise posture. L'adulte avait bien vu son sudoku partiellement fait et il n'avait pas l'air de vouloir danser un rock endiablé avec un tutu. L'idée fit sourire le jeune homme alors que la voix menaçante s'élevait.

- Monsieur Clyde, pouvez-vous me dire quelle est la réponse à ma question ? Si par hasard vous ne pouviez pas, comme je le pense, je vais devoir sévir.

Et mer*e. Bien entendu, il n'en savait rien, lui, de la question posée ! Pas comme si cela l'intéressait vraiment, mais il préférait éviter les heures de colle autant que possible. Il lui fallait une solution, et le plus vite serait le mieux. C'était quoi le sujet du cours ? Nan, il avait très peu de chance de tomber juste en répondant au hasard. Alors que faire... Tricher ? Ouai, il pouvait utiliser son pouvoir et l'autre serait tellement mal à l'aise qu'il le lâcherait. Mais est-ce que ce prof était du genre à détaller la queue entre les jambes ? Euh... Ne pas y penser, ne pas y penser.... Trop tard, il avait une mauvaise vision en tête. Mais quelle idée d'avoir un esprit aussi décalé dans les pires moments ?! Il faisait quoi maintenant ? S'il regardait le prof dans les yeux, il allait éclater de rire et ce n'était vraiment pas le moment. Il fallait qu'il se reprenne. Il respira un bon coup avant de lever les yeux vers l'adulte. Il avait les pommettes rosées et se mordait la lèvre pour ne pas rire, avant de prendre la parole.

- Je suis désolé monsieur, je n'ai pas suivi la fin.

C'est à cet instant que la sonnerie retentit, annonçant la fin du cours. Considérant que c'était sa dernière chance, il rangea ses affaires rapidement avant de sortir d'un pas pressé, sans attendre les réprimandes qu'il aurait dues subir. Il s'éloigna de la salle de classe avant de s'arrêter contre un mur pour reprendre son souffle. Un grand sourire étirait ses lèvres alors qu'il repensait à ce qu'il s'était passé. Il secoua la tête et partie vers la bibliothèque où il avait prévu de passer les deux dernières heures de la journée. Il croisa en chemin quelque connaissance qu'il salua. L'un d'eux allait lui aussi chercher un bouquin sur un certain auteur allemand dont Lawrence n'avait jamais entendu parler. S'ensuivit un petit discours enflammé sur cet auteur en question dont le jeune homme ne retenu pas la moitié, surtout que cela ne l'intéressait pas le moins du monde. Arrivé à destination, il put enfin être seul et au calme. Il chercha un coin libre où il posa son sac, avant de se diriger entre les rayons à la recherche de lecture. On lui avait conseillé un roman il y avait quelques temps et il partit donc fouiller les rayons. Il trouva rapidement ce qu'il cherchait et retourna à sa place pour lire le bouquin.
Cela faisait une bonne heure que Lawrence avait commencé son livre. Confortablement installé dans son fauteuil, il tenait son livre d'une main, l'autre jouant machinalement avec une mèche de cheveux. Sa chemise s'était quelque peu froissée, montrant ainsi qu'il était là depuis un bout de temps. Il était plongé dans sa lecture, qui se révélait finalement intéressante malgré un début un peu simplet, quand on l'interrompit. Et s'il y a une chose qui l'énerve, c'est qu'on le dérange. Pendant quelques secondes il ne releva pas les yeux, faisant patienter l'autre jusqu'à ce qu'il finisse sa page. Une fois cela accomplit, il daigna accorder son attention à celui qui l'avait coupé. Il reconnu celui qui lui faisait face rapidement. En effet, qui n'avait pas entendu parler de Caine ? Par contre, le nom de famille lui échappait, à moins qu'il ne l'ait jamais su. Plus probable, surtout que le connaître voulait dire s'être intéresse à lui, ce que Lawrence ne voulait pas faire. Quand on accordait trop d'intention à quelqu'un, cette personne se sentait importante et il n'y avait personne d'important aux yeux du jeune homme, surtout pas un gamin. Réflexion faite, l'autre ne lui avait jamais rien fait, il pouvait être courtois le temps de voir comment ça réagirait. Qui dit courtoisie, dit politesse, il devait donc répondre et donc laisser sa lecture un petit moment. Surtout qu'il était curieux, il fallait bien l'avouer.


- Non vas-y, ne t'inquiètes pas.

Ce Caine n'était pas bien grand, ou plutôt, il n'avait pas fini sa croissance. On avait du mal à croire qu'il se cachait quelqu'un de manipulateur sous son visage d'ange. Une chevelure ébène, qui contrastait en tous points avec la sienne, et des yeux vifs qui tranchaient avec le calme dont il faisait preuve. Enfin, c'était comme ça que Lawrence le percevait.

*Plutôt mignon, mais trop jeune pour toi mon vieux.*
Il reposa son livre dont il avait retenu le numéro de la page. Ainsi, il était prêt à engager une conversation, curieux d'en apprendre plus sur l'étrange individu à ses côtés. C'était la première fois qu'il le rencontrait vraiment, si on ne comptait pas les croisements dans les couloirs. Une question titillait l'esprit de Lawrence. Devait-il faire mine de ne pas le connaître ? Le contraire serait flatter l'égo du plus jeune, chose qu'il n'aimait pas faire. Réflexion faite, il allait juste se présenter, l'autre répondra ce qu'il voudra, s'il répondait.

- Moi c'est Lawrence Clyde.

Le ton était léger, moins froid que d'habitude. Lui aussi pouvait être sympa de temps en temps. Moi aussi j'suis sceptique, l'hypocrisie est toute aussi pratique. Reste à savoir la manier s'en être découvert. Pour l'instant, le jeune homme ne faisait rien qui pouvait lui nuire, il aviserait ensuite.
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Message  Caine Soren Ven 3 Sep - 21:42

    Caine caressa de son pouce la couverture de cuir, sa peau s'imprégnant lentement de l'odeur de la matière et de la rugosité du volume, sa phalange en suivant les sinuosités avec un sérieux absent, occupé qu'il était à dévisager son camarade. Le titre gravé en lettres d'or tapageuses se dessinèrent sous sa pression, puis disparurent. Il était étrange de constater que certains pensionnaires faisaient preuve d'une retenue exemplaire malgré leur envoi dans un pensionnat censé corriger la délinquance. Évidemment, d'autres se faisaient un plaisir d'être à la hauteur de leur réputation en semant le trouble et la terreur -Qui n'avait jamais ignoré les hématomes étalés sur la figure d'un camarade? Ou n'avait pas fait demi-tour à la vue d'une bagarre derrière le dortoir, le vacarme camouflé par les menaces et l'heure indue?- et les retenues pleuvaient à torrent, laissant la salle de colle rarement vide de toute présence. Il n'était pas rare d'entendre, en passant devant les salles de classe, un professeur vociférer contre un élève insolent, voire menaçant. Les enseignants trop sensibles ne restaient jamais bien longtemps. Ceux qui demeuraient avaient des nerfs d'une résistance respectable, un volume de voix conséquent et une autorité implacable. Caine se souvenait d'un cas où un de leurs profs avait violemment saisi par le col un gamin qui refusait d'aller corriger un exercice au tableau et l'avait plaqué contre son bureau jusqu'à ce qu'il accepte de prendre la craie. Le mioche avait résolu l'ensemble des calculs qu'on lui avait demandé. Cela avait fait pas mal de bruit du coté de l'administration. Caine avait entendu l'une des anciennes psychologues s'indigner de cet épisode auprès de ses collègues, avançant les arguments vus et revus des potentiels traumatismes enfantins vécus par les pensionnaires, ces fragiles petites choses pouvant craquer sans préavis, que l'on ne devait pas brusquer. Répondre par la douceur à la violence, expliquer les torts avec des termes choisis avec soin, ne pas céder à l'énervement étaient les conseils qu'elle prodiguait. Quelle idiote. A Coates, s'écraser devant les étudiants s'avérait fatal. La dureté semblait peut-être la seule méthode efficace. Là où les débutants étaient brisés sans pitié, les incompétents maltraités, les adultes sondés en permanence à la recherche d'une faille à exploiter, faire profil bas signifiait transformer son travail en une lutte constamment perdue. Les délinquants faisaient preuve d'un mélange de cruauté et de franchise propres aux enfants qui détruisent ce qu'ils croient être en droit de casser, qui suivent leurs envies avec cet égoïsme marqué qu'ils revendiquent fièrement, persuadés qu'il ne peut en être autrement. Pour ne rien arranger, ceux qui étaient envoyés ici étaient issus de famille riche. Ils avaient les caprices propres à ceux qui ont toujours tout eu à la première demande et la prétention de la classe présumée supérieure. La plupart rejetaient leur éducation en insultant copieusement leurs parents, mais ils gardaient en général ces caractéristiques insufflées dès leur plus jeune âge. Caine ne faisait pas exception. Car lui aussi était hypocrite, orgueilleux et retors. Il passa ses doigts entre deux pages du livre. Seulement, lui mettait à profit ces... qualités. Défauts? Non, elles lui avaient trop bien servi jusqu'ici pour être qualifiées ainsi. Comment aurait-il pu se hisser à la tête d'un groupe composé d'un certain nombre d'étudiants s'il n'avait été capable de les manipuler? Comment aurait-il pu aussi bien maitriser son pouvoir s'il en avait eu peur, ou s'il n'avait pas pensé que c'était un don qu'il méritait, taillé spécialement pour lui? Il bénissait son éducation pour lui avoir donné les aptitudes nécessaires à la réalisation de ses projets, même s'il en haïssait certaines facettes.

    Il articula un remerciement détaché accompagné d'un hochement de tête reconnaissant, abaissant furtivement ses paupières. Elles cachèrent un court instant ses pupilles d'un noir d'encre, ancrées dans leurs orbites. Caine vit l'autre refermer le bouquin qu'il lisait avant son arrivée, comme s'il prévoyait un intermède. Il jeta un coup d'œil à ce que lui-même tenait appuyé contre ses genoux, tapotant la tranche sans laisser sa surprise s'imprimer sur son visage. Il était étonné que ce garçon ferme son livre à cause de sa présence. Il se serait plutôt attendu à ce qu'il lui accorde un assentiment rapide et se replonge dans ses propres occupations sans lui accorder une minute de plus. Mais apparemment, son travail allait attendre. Il ne tenait pas à perdre son apparence de bon élève -et pourtant, les derniers qui avaient osé le qualifier de lèche-bottes avaient vite cessé quand ils s'étaient retrouvés encastrés dans le mur sans qu'ils ne sachent comment. Cependant, il persistait à faire bonne figure auprès de ceux qui croisaient sa route, espérant en gagner d'autant plus à sa cause par la diplomatie. Bien qu'il n'hésitât pas à utiliser la force auprès de ceux dont il avait réellement besoin dans ses rangs, notamment les dégénérés qui refusaient de le rejoindre malgré ses encouragements et ses promesses, puis ses menaces à peine voilées. Alors soit, si son vis-à-vis engageait une discussion, il suivrait. Il l'entendit se présenter. Lawrence Clyde. Il fronça les sourcils, réfléchissant. Il ne se souvenait pas en avoir entendu parler par qui que ce soit, preuve qu'il ne figurait pas dans leurs bases de données mises à jour par Diana, qui référençait les possesseurs de pouvoirs spécifiques à l'aide du sien en notant leurs capacités et leur puissance. Petit à petit, ils établissaient une liste plus ou moins complète des cibles à soumettre à leur autorité -''son'' autorité, pensait Caine, mais il évitait de le dire à voix haute, souhaitant éviter de déclencher la colère de Drake et les remarques mesquines de Diana. Malheureusement, celle-ci devait établir un contact avec la cible pour le jauger et cette faiblesse leur valait quelques désagréments. Par exemple, leurs connaissances sur les pensionnaires plus âgés restaient très incomplètes, le manque d'activités communes ne leur permettant pas, ou peu, d'occasionner de rapprochements quelconques. Leurs contacts restaient trop superficiels pour tenter une enquête approfondie. Ils avaient réussi à en avoir une poignée, à l'aide des lycéens qui étaient déjà en contact avec eux et en provoquant des rencontres fortuites -Diana se débrouillait pour toucher n'importe qui au réfectoire ou lors des changements de cours dans les couloirs bondés, mais la longueur du contact jouait également beaucoup sur son jugement. Il ne s'étonnait donc pas de ne pas connaître ce garçon. Son sourire s'élargit légèrement. En revanche, il aurait été appréciable de le transformer en un pont vers les étudiants plus âgés. Un instant, il regretta que Diana ne soit pas avec lui. Si elle avait pu le toucher, elle aurait pu savoir directement s'il possédait un de ces pouvoirs qu'il recherchaient avec minutie.
    Gardant son apparence amicale, il tendit une main vers Lawrence, l'appuyant sur l'accoudoir en attendant qu'il veuille la serrer. Le ton de l'autre avait été dégagé sans être particulièrement réjoui, neutre quoique poli. Il opta pour une réponse au timbre similaire, continuant à jouer sur une attitude ouverte et calme, de celles qui marchait raisonnablement lors des discours qu'il servait à ses condisciples.

    « Caine Soren. »

    La réponse était sobre, à l'image de la présentation initiale. Ainsi qu'à ce qu'on lui avait enseigné alors qu'il était encore un enfant que l'on présentait tel un trophée au début des soirées. Les invités s'extasiaient sur sa mignonne bouille ronde, mettant en valeur des valeurs familiales inexistantes pour attendrir les épouses et faire acquiescer les maris, abattre quelques-unes de leurs défenses en prévision d'alliances prochaines et de contrats envisagés dans les coins d'un bureau. Il servait de mignonne poupée à brandir comme un trophée, sans droit d'ouvrir la bouche, puis on le renvoyait dans sa chambre sous prétexte qu'il risquait de se fatiguer. En réalité, on souhaitait juste de débarrasser de lui pour laisser les adultes entre eux. Il avait eu envie de profiter de ces moments. Se mêler à la foule dans l'ombre des tissus colorés, se hisser sur les genoux d'un invité se reposant dans un fauteuil, attraper un gâteau d'une main hésitante, ralentie par la hauteur de la table. Il avait eu le réflexe de n'importe quel garçon de cet âge qui sent l'ambiance d'une fête à laquelle il n'a pas le droit d'assister. Il s'était senti abandonné. Il avait alors tenté de s'incruster en redoublant de bonnes manières et de gentillesse envers ses parents et leurs convives, sans succès. On se contentait de lui accorder une attention partielle pendant dix minutes, puis on le priait gentiment de partir par des moyens détournés, lui demandant s'il n'avait pas sommeil ou ne voulait pas aller jouer vers d'autres. En général, il se faisait rudement sanctionner quand ses parents remarquaient sa présence là où il n'aurait pas dû être, ce qui ne l'avait pas empêché de recommencer pendant une longue période. Ensuite, il s'était laissé envahir par la frustration de ne pas être considéré comme apte à assister à ces événements qui avaient tout de même lieu assez régulièrement, dans leur maison de Perdido Beach ou ailleurs. Le lieu n'avait pas d'importance puisqu'il n'était jamais autorisé à y aller. Il avait nombre de fois vu ses parents sur le pas de la porte, près à partir, leur chauffeur attendant près de la grille. Il revoyait sa mère debout dans un manteau acheté plusieurs jours auparavant spécialement pour l'occasion, montée sur des escarpins dont les talons lui paraissaient sur-dimensionnés. Son père dans son costume, tiré à quatre épingles, et la porte qui claque. Il s'endormait avant qu'ils ne reviennent. Il avait perdu l'habitude d'attendre leur retour caché dans les draps, sachant qu'ils ne viendraient pas le voir. Plus, il s'en était totalement désintéressé. Ne restaient de ces épisodes que les codes de politesse qu'on lui avait appris. Et qu'il appliquait, ou pas, selon les circonstances et ses envies.

    « Je suis en troisième année de collège. Mais peut-être as-tu déjà entendu parler de moi? »

    Il passa sa main derrière sa nuque, la frottant en un geste vertical. Ses intonations s'étaient faites joyeuses, son murmure insouciant retentissant avec vivacité dans le calme de la bibliothèque. Cela aurait pu être une remarque banale, si sa voix ne s'était pas faite imperceptiblement venimeuse. En réalité, Caine cherchait à tester Lawrence. Rentrerait-il dans son jeu ou non? Connaissait-il ses agissements? Si oui, jusqu'à quel point? Était-il possible de s'en faire un allié ou, au contraire, ferait-il parti de ceux dont il devrait se méfier? Il avait choisi de poser une question directe tout en gardant un comportement désinvolte, comme si elle n'était que routine. Cependant, elle était importante. Elle pointait du doigt ceux à abattre et ceux à diriger sans retenue aucune. Il n'y avait pas de camp intermédiaire.

    [Apparemment, aux États-Unis il n'y a que trois classes de collège, qui correspondent à la 5ème, la 4ème et la 3ème, donc je suppose que Caine doit être en 3ème année de collège? Je savais pas trop, donc j'ai mis comme ça > <]
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